Philippe Péaud

Enseignant à service partagé, Université de Poitiers – ESPE de l’académie de Poitiers
philippe.peaud[arobase]univ-poitiers.fr

 

Résumé

Cette brève a été rédigée en hommage à Jacques Nimier, pédagogue, universitaire et psychologue, figure respectée dans les milieux de la formation et promoteur de l’analyse des pratiques professionnelles, décédé le 24 avril 2014 dans sa 85ème année. Elle retrace des points clefs du travail de Jacques Nimier.

Mots-clés 

hommage, paradigme

Catégorie d’article 

Brève; hommage

Référencement 

Péaud, P. (2014). Disparition de Jacques Nimier. In Revue de l’analyse de pratiques professionnelles, 3, pp 44-46.  http://www.analysedepratique.org/?p=1229.


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Le 24 avril 2014, Jacques Nimier a repris le chemin des étoiles, selon la belle expression employée par Marie-Françoise Bonicel, sa complice de toujours notamment dans l’animation des formations dites stages Nimier. De nombreux hommages ont été rendus, auxquels nous nous associons.

La trajectoire professionnelle de Jacques Nimier fut, en grande partie, liée au développement de l’analyse des pratiques professionnelles dans la formation des enseignants. Professeur de mathématiques dans l’académie de Reims, ses interrogations sur le rapport de ses élèves à la notation, sur leur manière de vivre les cours et sur son propre rôle dans leur perception des mathématiques le poussent à devenir chercheur en psychologie. Au cours des années 1960, il découvre la dynamique des petits groupes d’adultes en suivant des séminaires de formation et de recherche dans le cadre de l’association pour la recherche et l’intervention psychosociologique (ARIP), sous la direction de Jean Maisonneuve, André Lévy, Jean Rouchy et Eugène Enriquez.

Pendant les années 1980 et 1990, cela le conduit à s’impliquer dans la formation continue. Dans l’académie de Reims, il met progressivement en place un dispositif de formation, appelé « Formation aux nouvelles technologies d’enseignement », plus connu sous l’appellation « stages Nimier » ; ce dispositif comprenait des modules centrés sur la dimension clinique de la pratique du métier d’enseignant (phénomènes relationnels, l’écoute, l’entretien, la conduite de réunion, la gestion des conflits, etc.).

En 1991, il fait le choix de devenir directeur-adjoint de l’institut universitaire de formation des maîtres de Reims, l’un des trois instituts universitaires de formation des maîtres expérimentaux créés par le ministère de l’éducation nationale. Il met en place des « groupes de suivi » pour les professeurs-stagiaires. A partir de 1992, il lance, dans le cadre de la formation continue des enseignants, les groupes d’analyse de la pratique professionnelle (GAPP). Le succès est tel que, pour faire face à la nécessité de trouver des animateurs, il invente une formation des formateurs sur le principe de la supervision.

Jacques Nimier fait partie de ceux qui ont lancé ce mouvement qui a permis que l’analyse des pratiques devienne un des signes d’identité de la formation professionnelle des enseignants en France.

Cédons-lui la parole pour terminer :

« Il me semble qu’en définitive les origines de l’analyse des pratiques se situent dans cette coupure épistémologique et ce nouveau paradigme, celui des savoirs qui ne peuvent se transmettre uniquement par des cours classiques et purement formels. En effet, même si tout savoir touche en réalité la personne totale, on fait souvent comme si l’aspect cognitif pouvait exister seul indépendamment des affects et de l’imaginaire ».

Vous retrouverez cette citation, ainsi que de nombreuses autres ressources, sur le site qu’il avait créé et que Marie-Françoise Bonicel va continuer à faire vivre : http://www.pedagopsy.eu. Un dossier y est consacré aux groupes d’analyse des pratiques professionnelles (voir : http://www.pedagopsy.eu/dossier_analyse_pratique.html).